CONSEILS D’ÉCOUTES Cette sélection vise à proposer un panorama diversifié des possibilités du violon, elle rassemble des interprétations fortes, choisies pour leur singularité, leur intensité, et la manière dont elles mettent en valeur le violon. Styles, époques, interprètes : diversité assumée, pour cultiver l’oreille et multiplier les angles d’approche.
La Folia
La Folia, c’est le tube baroque par excellence : une suite d’accords envoûtante qui a traversé les siècles. Simple, efficace, irrésistible, elle a inspiré les plus grands pour des variations déchaînées. Un classique indémodable, entre danse et folie.
J’ai retenu cette interprétation, qui me semble la plus aboutie, notamment par la richesse et la finesse de ses ornementations.
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La virtuosité avec les Caprices de Paganini
Les 24 Caprices pour violon seul de Niccolò Paganini, composés entre 1802 et 1817, sont des études de virtuosité extrême explorant toutes les techniques du violon : double cordes, pizzicatos main gauche (ne manquez pas le passage à 3:00 min), sauts, trilles, octaves, harmoniques. Ils sont considérés comme un sommet du répertoire pour violon solo.
Paganiniana de Nathan Milstein, écrit en 1941, est un medley de thèmes de Paganini, principalement fondé sur le Caprice n°24, transformé en variations brillantes.
Dans cette vidéo, Hilary Hahn réalise la prouesse surhumaine d’enchaîner les deux : elle interprète d’abord des Caprices de Paganini en solo, puis enchaîne (4min39 min) sans rupture avec le medley de Milstein. L’ensemble devient une démonstration fulgurante de virtuosité maîtrisée, où chaque transition semble naturelle malgré l’exigence technique extrême.
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Billy Contreras et le Boogie Woogie
Billy Contreras propulse le Boogie Woogie dans une autre dimension violonistique. Son jeu, fondé sur un groove incandescent, repose sur une virtuosité éclatée : glissements de positions continus, transpositions de doigtés fulgurantes. Il joue sur un violon acoustique à cinq cordes, enrichi d’une corde de do grave, étendant ainsi la tessiture vers les registres du violoncelle. (lien Youtube)
Itzhak Perlman – Chaconne de J.S. Bach
La Chaconne de Bach, extraite de la Partita n°2 en ré mineur BWV 1004, est une œuvre monumentale du répertoire pour violon seul. Interprétée par Itzhak Perlman, elle devient un archétype de maîtrise technique et de profondeur expressive. Son jeu allie une sonorité ample, une articulation souveraine et une gravité émotionnelle qui transcende la virtuosité. Chaque variation est sculptée avec une intensité méditative, transformant cette architecture baroque en une prière universelle. (lien Youtube)
La musique irlandaise avec Leahy
The Call to Dance de Leahy est une pièce violonistique fulgurante, construite comme une célébration rituelle du mouvement, enracinée dans les traditions celtiques et le folk canadien. Le jeu de Donnell Leahy y est brut, précis, traversé d’accents syncopés et d’un phrasé organique qui épouse le souffle de la danse traditionnelle. L’archet martèle, glisse, rebondit — chaque attaque déclenche une onde cinétique. Rien d’ornemental : une transe métronomique, enracinée dans le sol, tendue vers l’élévation. (lien Youtube)
Concerto pour violon de Sibelius
Le Concerto pour violon en ré mineur de Jean Sibelius est une œuvre puissante, marquée par une grande profondeur émotionnelle et un dialogue intense entre le violon et l’orchestre. La pièce, écrite en 1903-1904, allie virtuosité technique et expression dramatique, avec un premier mouvement marqué par une tension constante, un deuxième mouvement lyrique et méditatif, et un final brillant.
Vladimir Repin, violoniste russe de renommée internationale, est un interprète reconnu de cette œuvre. Son interprétation est empreinte d’une grande maîtrise technique et d’une profonde compréhension de la dimension émotionnelle du concerto, mêlant virtuosité et sensibilité. Son jeu précis et expressif fait ressortir la complexité du concerto tout en restant fidèle à l’esprit du compositeur.
(ne manquez pas le passage en harmonique à partir de 4min34s) (lien Youtube)
Nuages – Didier Lockwood
Nuages est une composition emblématique de Django Reinhardt, figure centrale du jazz manouche et pionnier du jazz européen. Didier Lockwood, violoniste issu du jazz fusion, formé au classique mais propulsé par l’héritage de Stéphane Grappelli, s’empare du morceau avec une approche moderne. Biréli Lagrène, guitariste virtuose révélé très jeune comme successeur naturel de Django, puise dans ses racines manouches pour ancrer l’interprétation. Ensemble, ils relient trois générations du jazz français. (lien Youtube)
Giant Steps par Billy Contreras
Billy Contreras, sans doute le plus grand violoniste de jazz actuel à mes yeux (Didier Lockwood nous ayant quitté), interprète ici Giant Steps. Composée par John Coltrane, cette pièce est célèbre pour sa progression harmonique vertigineuse et sa structure inhabituelle, véritable test de virtuosité et de compréhension musicale. (lien Youtube)
Le chop au violon par Casey Driessen
Casey Driessen repousse les limites du violon rythmique avec sa maîtrise du “chop”, une technique percussive inventée par Richard Greene et développée dans les musiques bluegrass et funk. À l’aide de l’archet, il transforme le violon en instrument de batterie, créant des grooves complexes et syncopés, tout en conservant une articulation claire et une énergie brute inimitable.
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